Histoire du LSP: Jusque dans les années cinquante, l'Université de Toulouse comptait au plus cinq professeurs de mathématiques, y compris la mécanique et l'astronomie (et pas ou peu d'autres enseignants). Un des professeurs qui ont le plus marqué cette époque est Robert Deltheil arrivé à Toulouse au tout début des années vingt, après un passage par l'Ecole Normale Supérieure (ENS Ulm) où il fut cacique, obtint l'agrégation (premier de sa promotion en 1913) et défendit sa thèse Sur la théorie des probabilités géométriques (Paris 1920) élaborée sous la direction d'Émile Borel. Robert Deltheil participa ensuite au célèbre Traité de probabilités d'Émile Borel en écrivant deux des volumes de cette série. Il est encore co-signataire avec Émile Borel de deux autres ouvrages, dont Probabilités-Erreurs qui parut en 1923 et a été réédité un très grand nombre de fois jusqu'aux années soixante avant d'être remanié. Il est sans doute regrettable que Robert Deltheil n'ait pas vraiment beaucoup poursuivi sa carrière de chercheur, ayant privilégie ses activités administratives (très jeune doyen, puis recteur) et ses activités d'enseignant. Ses livres de Mathématiques générales et de Calcul différentiel et intégral ont connu un grand succès jusque dans les années soixante. Robert Deltheil peut donc être considéré comme le premier probabiliste-statisticien de l'Université de Toulouse. Le charisme et l'enthousiasme de Robert Deltheil vont décider Roger Huron, jeune bachelier, à s'orienter vers les mathématiques. En effet, Roger Huron arrive à la faculté des Sciences de Toulouse au début des années trente sans avoir complètement décidé entre mathématiques et médecine : il s'inscrit donc aux deux premières années, est évidemment admis partout et choisit les mathématiques par admiration pour Robert Deltheil. Il est diplômé d'études supérieures de mathématiques en 1934. Après l'agrégation (obtenue en 1939), un peu d'enseignement secondaire, et la guerre, Roger Huron devient ``chef de travaux'' du Professeur Deltheil à l'Université de Toulouse (1947). Il prépare une thèse de mathématiques orientée vers la mécanique des fluides (des EDP) qu'il soutient à Paris en 1951 avec un second sujet de statistique posé par Georges Darmois. Il a aussi repris ses études de médecine et devient docteur en Médecine de l'Université de Toulouse en 1955. Nommé ``maître de conférences'' (1951) puis ``professeur titulaire de la chaire de Mathématiques Appliquées'' (1955) à Toulouse, il se consacre désormais à la statistique. Comme Robert Deltheil, Roger Huron a une influence considérable sur les étudiants : ses cours, quoiqu'optionnels, sont suivis par nombre d'étudiants de mathématiques et de physique ; il remanie l'ouvrage Probabilités-Erreurs dont il co-signe les dernières éditions avec Émile Borel et Robert Deltheil ; il écrit avec ce dernier un ouvrage de base : Statistique Mathématique. Ses travaux de recherche, théoriques ou appliqués, sont très variés : outre ceux découlant de sa thèse de mathématiques, nombreux sont ceux qui concernent la génétique des populations. Ses collaborations avec des biologistes et des médecins se traduisent par des publications où des techniques très variées sont au service de sujets très divers. C'est aussi la naissance du Laboratoire de Statistique créé par Roger Huron dans les années cinquante. Il ne faut pas se représenter ce laboratoire, à ses débuts, comme un laboratoire de recherche au sens actuel. En fait, la recherche mathématique était alors très solitaire (ne serait-ce que par nécessité, vu le nombre réduit de mathématiciens à l'université) et le terme de ``laboratoire'' a dû faire sourire plusieurs collègues ; il s'agissait plutôt de montrer un désir de travailler de façon pluridisciplinaire, de mettre la statistique au service des autres (médecine et biologie d'abord). Mais il n'empêche que cela créait une structure qui allait pouvoir s'instituer progressivement comme laboratoire de recherche au sens actuel. Ce laboratoire grandit assez vite, grâce au développement général de l'université, mais aussi et surtout grâce au charisme de Roger Huron qui adjoignit, plus tard, au laboratoire un Centre d'Application de la Statistique pour aider les utilisateurs des méthodes statistiques. En 1970, l'Université de Toulouse se scindait en trois universités. Le rattachement de l'ancienne Faculté des Sciences à l'Université Paul Sabatier (Toulouse III) entraînait celui du Laboratoire de Statistique. Signe de la reconnaissance de son travail, ce laboratoire devenait en 1976 la première équipe de Mathématiques à Toulouse ``associée'' au CNRS. Le petit nombre de probabilistes alors en poste, qui relevaient des mathématiques pures, rejoignirent vite le laboratoire qui devint ainsi, en 1978, le Laboratoire de Statistique et Probabilités. A la suite de Roger Huron, le laboratoire a été sucessivement dirigé par les professeurs Henri Caussinus (1972-1988), Jean-René Mathieu (1988-1996), Gérard Letac (1997-1998), Jean-Marc Azaïs (1999-2000), Philippe Besse (2001-2006), Dominique Bakry (2007-...). Jusqu'en 2006, le Laboratoire de Statistique et Probabilités (LSP) fut une unité mixte de recherche (UMR 5583) de l'Université Paul Sabatier, du CNRS et de l'Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse ; il comptait alors plus d'une soixantaine de permanents et une trentaine de doctorants. En 2002, les trois UMR de Mathématiques toulousaines : LSP, Mathématiques pour l'Industrie et la Physique (MIP), Emile Picard, se fédérèrent pour créer l'Institut de Mathématiques de Toulouse (IMT). Cette nouvelle structure a été reconnue en 2004 par le CNRS sour la forme d'une Fédération de Recherche (FR 2802). Pour le contrat 2007-2010, les trois UMR de Mathématiques fusionnent en une seule unité CNRS (UMR 5219), qui reste l'Institut de Mathématiques de Toulouse (CNRS, Université Paul Sabatier, INSA, Université des Sciences Sociales, Université de Toulouse le Mirail), tout en conservant une large autonomie aux trois équipes fondatrices. De plus, une Fédération de Recherche (FREMIT) est mise en place pour associer l'Institut de Recherche en Informatique de Toulouse (IRIT), le Groupe de Recherche en Informatique et Mathématiques du Mirail (GRIM) et le nouvel IMT.